L’objectif de fréquentation du tram de Tours atteint à seulement 70 %

Un article précédent avait dénoncé l’intox sur les chiffres de fréquentation du tram en sa première année d’exploitation. Ils sont soigneusement cachés derrière l’illusion d’un objectif quasiment atteint. Une nouvelle information parcellaire permet par recoupement de découvrir la réponse...

Dans l’article "Succès du tram : vérité ou intox ?", j’avais précisément montré en quoi l’objectif de 55.000 passagers par jour était loin d’être atteint. Mais l’intox pratiquée par Tours Plus (qui a englobé le SITCAT), brillamment relayée par La Nouvelle République et par La Tribune de Tours a fonctionné, les lecteurs ont retenu les seuls chiffres de 53.000 et de 56.500 à comparer avec 55.000. Quel succès !

Le chiffre de la fréquentation journalière moyenne de la première année du tram restait soigneusement dissimulé. Il est pourtant essentiel pour savoir dans quelle mesure l’objectif initial est atteint.

La communication officielle a cependant distillé quelques chiffres annexes. Deux d’entre eux permettent de résoudre l’énigme :

  • "53.000 [voyageurs en tram] est une fréquentation moyenne chaque jour en période scolaire, soit 42 % du total des voyageurs [sur tout le réseau Fil Bleu, tram et bus]" (la Tribune de Tours du 28 août 2014). Il y a lieu de croire que ce pourcentage de 42 % est valable sur toute l’année, ou sinon que c’est une valeur maximale.
  • "le nombre de passagers [sur tout le réseau Fil Bleu, tram et bus] est passé [sur un an] de 22 millions à 33 millions de personnes transportées" (propos de Philippe Briand rapportés par la Tribune de Tours du 9 octobre 2014)

Calculons : 42 % de 33.000.000 font 13.860.000 voyageurs du tramway sur sa première année d’exploitation. En divisant par les 365 jours de l’année, on trouve 38.000 voyageurs par jour. Peut-être moins si les 42 % ne sont valables que sur les derniers mois.

Comme je l’avais déjà montré, on est largement en dessous de 45.000, encore plus loin des 53.000 proclamés de la récente période scolaire et de l’objectif officiel de 54.900 pour la première année (et non pour 2016 ou 2018 comme il a été prétendu plus tard).

Pour ne rien arranger, il semble que même dans le domaine immobilier, l’objectif aussi ne semble pas atteint, à en croire un article de France-Bleu du 14 octobre 2014 titré "Le tramway de Tours a-t-il boosté l’immobilier" ? Sans oublier le temps total du trajet entre les deux terminus qui avait augmenté de quelques minutes ou les abris vélo qui ne se remplissent pas... Mais peu importe que les objectifs ne soient pas atteints puisqu’on nous rabache que le tram est un formidable succès !

Quand donc désormais nous présentera-t-on une autre information, plus opaque encore : le véritable budget du tram avec la dette associée et le plan de remboursement ?

Les 30 % de recettes en moins sur la billeterie s’ajoutent au surcoût très important de l’investissement. Le tableau d’amortissement en résultant nécessiterait un nombre de passagers beaucoup plus important, qui ne pourrait pas être atteint. Il resterait à augmenter le prix des billets et à demander un dépassement exceptionnel de la taxe transport payée par les entreprises, avec des effets indirects sur la compétitivité et les salaires... En dernier recours, demander à l’agglomération Tour(s) Plus d’éponger...

Constant Chidaine