Foyer Albert Thomas : la préfecture veut remettre tout le monde à la rue, la Croix-Rouge s’aligne

Suite à un rendez-vous organisé le 16 février, on en sait plus sur les projets des autorités concernant le foyer Albert Thomas. Si rien n’est fait, les résidents pourraient être mis à la rue dès le 15 mars, la Croix Rouge voulant réserver le foyer aux sans abris relevant du droit commun, comme demandé par la préfecture via la DDCS.

La Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS), par la voix de son directeur M. Gabillaud, avait invité deux résidents du foyer et un représentant du comité de soutien à un rendez-vous le jeudi 16 février au matin. Mais ce fameux jeudi Mme Astier, directrice adjointe, a pourtant affirmé que le comité de soutien n’avait jamais été convié à ce rendez-vous, et a refusé de dialoguer avec un représentant des salariés licenciés suite à la liquidation de la structure.

Après concertation, quatre résidents ont néanmoins accepté de rencontrer les deux personnes de la DDCS ainsi que les trois personnes présentes pour la Croix-Rouge, qui a remporté l’appel d’offres de la préfecture pour la reprise du foyer.

A l’issue de cette réunion, de nouveaux éléments sont apparus :

  • La reprise du foyer ne se fera pas début mars comme annoncé il y a une semaine suite à un premier report — il était d’abord question d’une reprise le 14 février —, mais au plus tôt à la mi-mars. Les autorités se reposent clairement sur la solidarité qui permet aux résidents de s’approvisionner, alors que la prise en charge des demandeurs d’asile présents au foyer devrait être à la charge de la DDCS [1].
  • Suite à la reprise, le foyer sera réservé aux personnes relevant du droit commun (hors dublinés, déboutés du droit d’asile, etc.). Les résidents actuels seront remis à la rue, et devront le appeler le 115 tous les jours afin de solliciter une place d’hébergement. Ainsi, le droit d’accès à l’hébergement d’urgence sera dorénavant fonction de la situation administrative des personnes.
  • Les anciens salariés sont à nouveau ignorés par la DDCS et restent sans perspective, alors qu’ils se sont exposés afin de défendre les droits des résidents. A ce jour, ils n’ont toujours pas été contactés par la Croix-Rouge.

Aucune précision sur le fonctionnement du foyer lors de sa ré-ouverture n’a été communiqué par la Croix-Rouge.

Selon nos informations, les horaires d’ouverture seraient réduits de 18h à 8h, contre 15h-9h avant fermeture. Cela remet de fait en question la possibilité d’un accompagnement des personnes, et fait écho à la fermeture potentielle de la Barque qui proposait un accueil de jour pendant les horaires de fermeture du foyer.

La masse salariale serait fortement revue à la baisse, participant à amoindrir tant la qualité de l’accueil que les conditions de travail des salariés. Après n’avoir pas su contrôler la gestion des fonds publics alloués, la DDCS profitera-t-elle de la mise en liquidation de l’association Albert Thomas pour réduire les budgets nécessaires au fonctionnement du foyer, et ce avec l’aval du repreneur qui s’y soumet, impactant la qualité du travail social dans son ensemble ? La Croix-Rouge ayant un réseau de bénévoles (notamment pour les maraudes), le remplacement d’une partie du personnel par des bénévoles pourrait être proposé.

Malgré des demandes précises des résidents et du comité de soutien (notamment via des courriers remis en main propres et par voie postale), ces questionnements restent sans réponse. Pour les résidents, la seule issue proposée est encore un retour à la rue, suite à quoi les portes de ce foyer leur seront barrées. Face à ce mur, résidents et comité de soutien ont décidé de changer de posture et ont adressé un courrier à la DDCS suite au jeu de dupe du rendez-vous évoqué (voir ci-dessous).

Courrier du Foyer Albert Thomas à la DDCS - 17.02.17

Fermetures annoncées des CAO de Saint-Pierre-des-Corps et de Grandmont avant l’été (qui s’ajoutent à celle du CAO de Chinon, soit entre 150 et 200 personnes concernées au total) sans solution proposée, notifications de renvoi régulières concernant dublinés et déboutés du droit d’asile, fermeture de l’hébergement d’urgence pour les réfugiés... les notions de Droits de l’Homme, de droit d’asile, de Liberté, d’Egalité et de Fraternité se retrouvent bien malmenées...

Mobilisation pour le respect du droit d’asile le 9 février à Tours

Voyant tout cela se jouer sous nos fenêtres, resterons-nous simples spectateurs impuissants ou créerons-nous collectivement des rapports de force afin de ne plus subir et laisser subir ?

Des mobilisations importantes ont lieu dans d’autres villes et dans d’autres pays, comme en Espagne où 160 000 personnes ont manifesté ce week-end en faveur de l’accueil des réfugiés.

Notes

[1Côté municipalité, on se rappelle encore à ce sujet des propos dédaigneux du maire de Tours M. Babary lors de ses vœux aux Sanitas : « si vous aimez tant ces gens là, apportez leur de la nourriture… ».