Fermeture soudaine du foyer d’hébergement d’urgence Albert Thomas pour liquidation judiciaire

A Tours, le foyer d’hébergement d’urgence Albert Thomas pourrait fermer ses portes dès le vendredi 23 décembre pour cause de mise en liquidation judiciaire. Les salariés seraient licenciés, et les trente-six résidents seraient relogés provisoirement dans un gymnase de la ville.

Depuis deux ans, les salariés du foyer Albert Thomas ont alerté à plusieurs reprises les pouvoirs publics concernant la gestion calamiteuse de l’association en charge du lieu [1].

La Direction Départementale de la Cohésion Sociale (DDCS), premier financeur du foyer, dit ne pas avoir été jusqu’alors au courant de la situation, tant sur le plan budgétaire que sur les conditions d’accueil vacillantes. Depuis le 1er décembre par exemple, les familles hébergées en appartements ne reçoivent plus d’aides financières et matérielles (nourriture, couches, etc.).

Comment salariés et résidents sont balayés en quelques jours

Le 19 décembre, les salariés ont appris violemment leur licenciement imminent, la fermeture du centre d’accueil, et l’anéantissement d’un travail de fond mené depuis plusieurs années. Certains salariés, qui étaient en congés, ont reçu l’information par texto.

Hier, mercredi 21 décembre, les trois principaux membres du conseil d’administration de l’association ont rencontré les salariés à 14 heures afin de leur exposer la situation. Ils ont ensuite prétexté un rendez-vous à la DDCS à 15h30, abrégeant l’entretien.

Afin d’avoir d’avantage d’informations, encore dans un flou complet, les salariés se sont rendu à la DDCS à 16h. Apprenant alors que le rendez-vous évoqué n’existait pas et que les membres du CA n’étaient jamais passés, ils ont rencontré les responsables de la DDCS afin d’en savoir plus sur leur licenciement en pleine période de fêtes et sur l’hébergement des résidents.

Le soir même, les salariés ont dû annoncer eux-mêmes la situation aux 36 résidents du foyer, sans même connaître précisément l’origine de la liquidation. Le foyer accueille des migrants, demandeurs d’asile et SDF.

« C’est la première fois que nous voyons une association chargée d’hébergement d’urgence être mise en liquidation ».

C’est ce qu’affirmait Mme Astier, directrice adjointe de la DDCS lors de l’entretien avec les salariés. La DDCS est censée contrôler les associations qui perçoivent les financements de l’Etat, leur permettant d’assurer une mission d’utilité publique. L’affaire doit passer ce vendredi 23 décembre devant le tribunal, un juge-commissaire ainsi qu’un liquidateur judiciaire devant être nommés afin d’assurer la procédure de liquidation et d’envisager ou non la reprise éventuelle du centre d’hébergement d’urgence.

En attendant, l’accueil d’urgence d’un important foyer de la ville devrait fermer prochainement pour une durée indéterminée. A la veille de Noël, le gymnase Paul Racault devrait accueillir provisoirement et dans des conditions précaires les résidents du foyer [2].

Pendant ce temps-là, le foyer sera laissé vide et fonctionnel (chambres, cuisines, personnel compétent connaissant les résidents, etc.), et les responsables de la mise en liquidation partageront dinde fourrée et foie gras avant d’aller écouter les cantiques pieux de la traditionnelle messe de Noël.

Notes

[1L’association Foyer Albert Thomas.

[2Dans un premier temps, nous avons écrit que seuls certains résidents seraient relogés. En fait, la DDCS s’est engagée publiquement à héberger tous les résidents ; les personnes disposant d’appartements par le biais de l’association les conserveront.