« Exercices de mise à l’abri » : l’Éducation Nationale apprend la paranoïa à vos enfants

À Tours comme dans toute la France, les établissements scolaires doivent procéder à des « exercices de mise à l’abri ». Au programme de tous les élèves le confinement de ces institutions « pour se protéger d’un risque pouvant provenir de l’extérieur ».

Dans la lettre diffusée dans un lycée de Tours (cf. fichier joint), le Proviseur insiste sur le caractère local des menaces potentielles. Le risque de « transport de matières dangereuses par route, voie ferré (gare de triage de Saint Pierre des Corps) et canalisation de gaz naturel haute pression » ainsi que celui de « tempête » (sic !) sont là pour agrémenter le chiffon rouge du terrorisme. Ils donnent une petite touche contextuelle aux motivations de cet exercice réalisé à la demande du ministère de l’Éducation Nationale, qui participe ainsi au climat ultra-sécuritaire qui règne depuis les attentats de novembre 2015.

Injonction est faite aux parents de respecter des consignes aberrantes. Ils doivent ainsi « absolument respecter » le fait de :

  • « Ne pas venir chercher l’enfant (mise en danger de tous si rupture du confinement).
  • Ne pas saturer le standard téléphonique qui doit rester libre pour les communications relatives à l’exercice.
  • Ne pas appeler sur les portables des enfants. »

Ces consignes sont censées garantir à leurs enfants d’être « en sécurité dans l’établissement scolaire ». Cette sécurité ne leur sera accordée que s’ils sont bien à l’heure. Dans le cas contraire, ils ne seront pas « accueillis » et les parents seront seuls responsable de leur progéniture. Si la date est bien précisée, ainsi que le fait que le non-respect des consignes par les parents provoquerait « la mise en danger de tous » (salauds !), l’horaire précis qu’il convient de respecter est lui « tenu secret ». Pas facile dans ce cas d’amener son môme à l’heure.

De cette leçon de paranoïa orchestrée par les établissements scolaires, on retiendra la rengaine du « risque pouvant provenir de l’extérieur ». L’État nous joue une fois de plus la fable de la menace exogène de l’étranger.
Pour ce qui est de considérer le risque intérieur de dérive sécuritaire, on repassera.

Lettre diffusée aux élèves du Lycée professionnel Henri Becquerel

Illustration : publicité américaine pour un abri anti-atomique (années 1950).

P.-S.

Lycéens, collégiens, parents ou enseignants, n’hésitez pas à raconter comment vous avez vécu ces exercices. Vous pouvez envoyer vos témoignages à contact[at]larotative.info.