« Encore une grève à la SNCF ! »

Quelques jours avant la grève qui aura lieu ce 8 octobre, dans le cadre d’un mouvement national et interprofessionnel, une contributrice de Paris-Luttes.info a rencontré Pascal, chef d’équipe à l’entretien des voies à la SNCF, qui lui a parlé des conditions de travail dans sa boîte. Extraits.

« C’est avec cette façon, mi-ironique mi-gênée que Pascal, un chef d’équipe à l’entretien des voies m’annonce la grève de jeudi prochain à la SNCF. C’est le début de la conversation, je viens de monter dans cette voiture au logo de la compagnie ferroviaire pour un trajet en stop, et mon conducteur ne sait pas encore sur quel pied danser avec moi. Il se dit sans doute que, comme le véhiculent les media le plus souvent, j’étais de cette majorité qui se sent « pris en otage » par les grèves. »

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« Alors quoi ? C’est quoi c’est super avantages dont tout le monde parle ? La sécurité de l’emploi ? Oui, c’est vrai, quand au bout de 20 ans de loyaux service sur les voies dans des conditions de merde il a le physique abîmé, la compagnie ferroviaire n’a pas le droit de virer son personnel, elle est obligée de le reclasser quelque part. C’est souvent au guichet que la SNCF place un cheminot trop fatigué, alors c’est sur, un vieux gars abîmé en devanture de boutique ça rentre pas forcement dans le standing moderne de la SNCF. Pour ces postes-là, on privilégie plutôt de jeunes intérimaires, tout droit sortie d’école de commerce au physique plus dynamique. Mais quoi ? C’est pas absolument normal de ne pas se faire virer à la première hernie discale quand c’est un travail pénible au service du public qui nous a esquinté le corps ? »

« Sferis, Colas Rail, et autres Bouygues sont de plus en plus souvent sous-traiter par la SNCF pour faire le boulot des cheminot’es. Une formation réduite, surtout dans le domaine de la sécurité, pas de visite médicale régulière comme y sont soumis les cheminots, des horaires hyper flexibles, pas toujours de primes de vacances ou de fin d’année, permettent à ces boîtes privées d’offrir à leurs employés de bien meilleurs salaires (environ 3000 euros de salaire de base en début de carrière). Mais voilà, il faut avoir envie, quand on habite au Luxembourg, de travailler à Chambéry pendant la journée, puis la nuit à St Étienne après une pause dans le train. Il faut avoir envie d’être logé dans des conditions de merde 5 jours par semaine, y laisser sa santé, peut être sa vie. Il faut avoir envie d’être sous la responsabilité d’une personne moins payée que soit mais qui est responsable de notre sécurité. Drôle de rôle. »

L’intégralité du texte est à lire sur le site de Paris-Luttes.info.

Illustration par mll.