Désintoxication de la langue de bois : un édito du maire de Tours revu et corrigé

Le 4 novembre dernier, une trentaine de personnes étaient réunies à Bléré pour un atelier « Désintoxication de la Langue de Bois » organisé par la coopérative d’éducation populaire l’Engrenage. L’occasion de réécrire en « non-langue de bois » un édito du maire de Tours, Serge Babary, paru dans le magazine Tours&Moi n°179.

L’édito de Tours&Moi

Dans quel état d’esprit abordez-vous la rentrée 2016 ?

Résolument optimiste. Comme tout le monde, j’ai à l’esprit l’effroyable drame de Nice et la vie en France n’est désormais plus la même. En tant que Maire, je le vois au quotidien dans toutes les actions qu’entreprend la Ville mais j’ai aussi la conviction que Tours doit montrer l’exemple en continuant d’agir, concrètement, au quotidien pour toutes et tous.

La rentrée se déroule en ce moment dans toutes les écoles de Tours. Les vacances ont été mises à profit pour effectuer divers travaux (plus de 900 000 €) et créer des conditions d’accueil toujours plus agréables pour les 9 335 élèves qui fréquentent les écoles de la Ville. En parallèle le projet de construction d’une nouvelle école aux Deux Lions deviendra bientôt réalité.

Le début de septembre est aussi traditionnellement marqué à Tours par la braderie. J’ai voulu la maintenir même si cela a été difficile dans le contexte actuel car elle est essentielle pour l’activité économique de notre Ville et pour les Tourangeaux qui profitent d’une offre commerciale intéressante et variée. Cela a un coût important pour les finances publiques car les exigences en matière de sécurité sont très élevées mais j’ai la conviction que nous ne devons pas baisser les bras.

Quant à la fréquentation touristique cet été, malgré la morosité nationale, la Touraine et Tours en particulier s’en sortent bien. Alors que la saison n’est pas finie, le trafic de notre aéroport connaît une hausse de 12 %, la baisse de fréquentation des hôtels par les étrangers est contrebalancée par les Français, la Loire à vélo rencontre un succès fou, tout comme le spectacle sur la cathédrale qui fait l’unanimité ou celui de Marmoutier, sans parler des visites guidées qui affichent complet.

Voilà pourquoi j’aborde cette rentrée conscient des enjeux et des difficultés que connaît notre pays mais confiant et résolument optimiste pour Tours et ses habitants car il y a de bonnes raisons de l’être !

La version corrigée

Dans quel état d’esprit je souhaite que vous abordiez la rentrée 2016 !

Dociles et souriants ! Comme toute la classe politique, je tiens à instrumentaliser les tueries de masse pour restreindre vos libertés. En tant que Shériff de la ville de Tours je vous assure que nous nous engageons à déployer avec votre argent davantage de flicaille pour vous surveiller dans vos moindres faits et gestes.

Vos enfants retrouvent le chemin des fabriques de bons petits soldats. Les vacances nous ont permis de réaliser divers travaux dans les écoles pour cacher la misère dans laquelle les élèves passent la plupart de leur temps à apprendre à se soumettre. Pour faire diversion, j’ai décidé de construire une nouvelle école sur une aire d’expansion naturelle des crues et qui me servira de vitrine pour les prochaines élections.

Dans mon intérêt et ceux de vos maîtres, je m’applique à entretenir votre peur du terrorisme. Ainsi j’ai choisi de maintenir la braderie de Tours en employant massivement vos impôts à rémunérer des sociétés privées de sécurité. Cela afin de satisfaire la corporation des commerçants et de m’assurer que vous continuiez à dépenser vos maigres salaires dans des achats inutiles : remplacement d’objets démodés à l’obsolescence programmé, gadgets chinois, malbouffe industrielle...

Quant à la crise de l’industrie touristique, je me félicite d’être le seul bastion français épargné. La pollution aérienne de l’aéroport de Tours, subventionnée par vos impôts, connaît une hausse de 12 %. Des bénéfices colossaux pour RyanAir qui iront directement sur un compte offshore à Jersey ou sur l’Ile de Man sans passer par la case URSAFF . Les loisirs de pauvres (bicyclette et attractions lumineuses à tendance religieuse) compensent la perte des capitaux étrangers.

En gros, même si c’est la merde en France, estimez vous heureux d’habiter Tours et d’avoir un maire tel que moi.|