« Des brèches dans la forteresse » : loin des clichés médiatiques, reportage dans la vallée de la Roya

Dans la Roya, vallée encaissée et perdue des Alpes-Maritimes, des habitants tendent la main aux migrants en transit. Un reportage publié par le journal CQFD.

Un lundi soir de décembre, sortie de Vintimille, dans ce hideux no man’s land saturé de béton qui tient lieu de zone transfrontalière. Quelques ombres chargées de sacs plastiques cheminent en bord de route, direction la France. Au péage, avant que la barrière ne s’ouvre, une berline sombre déboule en sens inverse, bloquant la Renault Espace défraîchie qui nous tient lieu de carrosse. Crissement de pneus. Quatre patibulaires descendent, en civil – trois hommes et une femme. « Le coffre, ouvrez le coffre », exigent-ils, en italien. Chose faite, ils fouillent rapidement sous les couvertures et repartent illico prendre position à deux pas. En embuscade.

Par le train, emprunté quelques semaines plus tard, c’est globalement le même topo : surveillance maximum. En gare de Vintimille, les uniformes sont présents en masse. Il y a des militaires, des carabinieri, des douaniers, des civils louches, etc. C’est l’après-midi, et des petits groupes de migrants surveillent les abords, en quête d’une opportunité. « Il y a beaucoup de surveillance, mais si on est patients on trouve toujours, explique l’un d’eux. Le plus dur commence dans le train. » (...) Depuis que le contrôle aux frontières a été réinstauré à l’été 2015, ils relèvent même d’une banalité admise. La chasse est en cours, quotidienne. Jadis passoire, la zone s’est fait bunker, avec près de 37 000 étrangers en situation irrégulière arrêtés dans les Alpes-Maritimes en 2016.

Les militants de La Roya ne versent pas dans l’envolée insurrectionaliste quand il s’agit d’évoquer leur engagement. Ils parlent d’urgence vitale, convoquant la nécessité de la désobéissance civile en des temps honteux. « Ils voudraient qu’on laisse crever ces adolescents en bas de chez nous ? Ce n’est pas possible ! », s’étrangle une habitante de Saorge. Un autre de lui faire écho : « Si, pour l’État, les migrants sont des chiffres, des dossiers, pour nous, ils deviennent vite des amis. On ne passe pas huit jours avec des mômes sans s’attacher à eux ! » Quant à Cédric Herrou, voilà comment l’un de ses proches évoque son entrée en lutte : « Il a eu une révélation en passant devant l’Église Saint-Antoine de Vintimille et en voyant le sort des personnes qui y étaient logées. Il n’a pas pu rester bras croisés, c’est aussi simple que ça. »

L’intégralité de l’article est à lire sur le site du journal CQFD.