COP21 : reportage au cœur des beaux quartiers climatiques

Dans les arrondissements bourgeois de la capitale, aux derniers jours de la conférence sur le climat, on pouvait croiser des clowns, des flics, et des gros richards qui détruisent la planète par stocks options interposées.

Ne me parlez plus ni de la police du climat, ni et surtout pas des clowns activistes dans les manifs ! Samedi 12 décembre 2015, pour la COP 21 à Pantruche, cette bande dandydimanchés à moitié peinturlurés officiaient dans le service d’ordre de la manifestation ; à croire que le rôle de tampon leur était dévolu. Sauf qu’à vouloir désamorcer la violence qui venait des flics surarmés et contrôlant même l’accès à la manif, on se serait cru à Londres dans les manifs où les bobbys sont au milieu de la demonstration. Le truc à te dégouter d’aller dans la rue. Faudrait que ces jeunes relisent leur manuel de clouns pour piger qu’il ne suffit pas de mettre des grosses chaussures en 47 et d’avoir un nez rouge élastique pour savoir mettre le dawa dans les rangs de la maréchaussée. Car les gars, faut que je vous mette au jus : clown en manif, ça sert à rien sauf si tu t’ingénies à singer les flics, mais là attention, c’est pas drôle tant cette équipe de bras cassés s’ingénie à ressembler au mâle de la guenon. Pour les poulets en civils, tous trentenaires, vêtus en tenue légère et sportive, les dérider forcerait l’admiration, puisque ces gens n’ont plus d’amis depuis qu’ils sont rentrés chez Poulaga.

La COP, ce n’était pas que les flics et les perquisitions dans les campings-cars des squatteurs d’Ivry. Ce n’était pas que les assignations à résidence de mecs, qui de toute façon étaient des gros chômeurs. Non, mon pote c’était aussi les caméras des pro et semi pro de la profession, et les smartphones de tous les péquins à qui je mettrais volontiers mon pied au cul tant le vide de leurs propres activité les pousse à filmer tout ce qui échappe à leur existence. La misère augmente, les images y contribuent. Le pire est venu des Amis de la Terre qui ont voulu faire jouer les gens avec une immense géolocalisation [1] qui a dû faire très peur à Manuel Valls et aux vendeurs de tablettes. Je sais pas si on pourra faire une manif demain sans smartphones et sans maalox [2].

En tout cas pas sans les nerfs, tant Pantruche s’est transformé en une immense baraque à flics. Les flics et la cybernétique ça promet de beaux moments. Crois pas que je fasse une rubrique pour PMO [3] pour autant. Imagine s’il te plait, un instant dans tes rêves, une grosse chorale sur l’avenue de la Grande armée chantant rageusement Le Père Duchêne, un hymne révolutionnaire à dépoiler tous les écolos de leur masque socialo. Autrefois, t’aurais vu du populo qui serait venu s’égailler les esgourdes rien que pour que le plaisir d’entendre des piques saignantes sur la canaille gouvernementale. Là, nib, c’est rien que des caméras de merdeux qui viennent capter de l’inédit, du boule de neige médiatique, de l’historique comme l’accord de mes deux qu’ont signé les pollueurs avec les larbins de la finance.

Le Bourget, parlons en, un ramassis de pisse-froids et de fils-à-papa s’auto-félicitant de s’échanger des morceaux de gaz puants de schiste contre du solaire chinois tout déglingué. La priorité c’est toujours le commerce, pas le climat. Tonton Hollande te l’a bien seriné. D’ailleurs pour vendre des glaces, faut qu’il fasse chaud ! On avance, on avance…se félicite la canaille en veston Gucci, qui a occupé un peu moins la scène que la grande blonde fasciste. Faut dire que la catastrophe en ce moment on ne sait plus d’où elle vient. Mais j’va te dire quelque chose, moi qui ai traversé les beaux quartiers de Paname avec une bande de gueux chantant la Semaine Sanglante, c’est que pour sûr, ils étaient là les massacreurs de la Commune, les portefeuilles d’actions qui squattent rue de la Paix, les beaux salauds qui à bord de leurs Mercedes puent le fric comme les vieux de la maison de retraite sentent la pisse ; du pèze dont on ne verra jamais la couleur, une oseille qui transpirait par tous les pores de ces quartiers de rupins.

Ces fortunes anonymes qui exploitent du pétrole au Nigeria, des minerais rares au Mozambique, ces richards qui par stocks options interposés, le cul dans leur fauteuil Louis Ducon, envoient au turbin des équatoriens dans des mines et bousillent les terres de colombiens. Ces riches en col roulé Hermès qui détruisent la planète, je peux te le garantir c’est à eux qu’il faudra faire rendre gorge si on veut sauver ce putain de climat.

CG.

Illustration : Richard Summers

Notes

[2Médoc originalement destiné à lutter contre les brûlures d’estomac mais aussi assez efficace contre celles provoquées par les gaz lacrymogènes.

[3Pièces et main d’œuvre, groupe grenoblois technocritique et controversé.