Contre les opposants à la loi Travail, la police distribue des interdictions de manifester

Depuis samedi 14 mai au matin, des militants parisiens (et au moins un Nantais) se sont vus distribuer des interdictions nominatives de manifester dans le cadre de la journée de grève du 17 mai.

Dans un communiqué publié sur Paris-Luttes.info, l’Action antifasciste Paris-Banlieue, dont plusieurs membres sont visés par ces mesures d’interdiction, explique :

« Depuis samedi matin, plusieurs militant-es antifascistes et anticapitalistes parisiens/nnes ont vu la police sonner à leur porte pour leur remettre une feuille signifiant leur interdiction administrative de manifester le mardi 17 mai prochain (date d’une nouvelle manifestation unitaire au départ d’Ecole Militaire et devant se diriger vers Matignon) et de se rendre à Nuit Debout le soir… »

Les interdictions — qui s’appuient sur l’état d’urgence, récemment prolongé jusqu’à la fin du mois de juillet — sont rédigées comme suit :

« Considérant que M. X a été remarqué, à de nombreuses reprises, lors de manifestations contre, notamment, les violences policières et le projet de réforme du code du travail ; que ces manifestations ont dégénéré en troubles graves à l’ordre public et notamment des affrontements violents avec les forces de l’ordre ; que des groupes d’individus masqués et portant des casques sont systématiquement à l’origine des ces désordres ; qu’il y a, dès lors, tout lieu de penser que la présence de M. X aux rassemblements organisés contre le projet de loi visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs vise à participer à des actions violentes ; que, compte tenu de ces éléments, il y a lieu d’interdire sa présence à la manifestation organisée le mardi 17 mai 2016 conjointement par l’Union Régionale Île-de-France CGT, FO, SOLIDAIRES, l’UNEF, l’UNL et la FIDL ainsi que place de la République. »

Comme le note le site lundi.am, « aucun lien n’est fait entre les "dégradations" et "violences" et les personnes visées par cet arrêté d’interdiction de manifestation, et pour cause : aucun de ceux avec qui nous avons pu nous entretenir n’a été interpellé ou poursuivi à l’occasion de ces manifestations. La justice n’a donc rien à leur reprocher mais la police est cependant fondée à les déchoir d’un droit fondamental, au nom de l’antiterrorisme. Pourquoi eux et pas leurs voisins, pourquoi des personnes ciblées et pas toute la manifestation du 17 mai ? L’arrêté de la préfecture ne permet pas de le comprendre. »

Mais cette nouvelle arme utilisée par l’État contre les opposants à la loi Travail ne suffira pas à endiguer la mobilisation, comme l’assure l’Action antifasciste Paris-banlieue : « Si le préfet Cadot [1] pense nous porter un coup au moral, il vient de faire exactement le contraire. »

Notes

[1Nom du préfet de police de Paris, dont la signature orne les arrêtés distribués aux militants.