Congrès du FN : quand un flic de Tours sympathisait avec de faux militants d’extrême-droite

En 2011, pendant le congrès du FN qui se tenait à Tours, les membres d’une émission de télévision s’étaient pointés au commissariat de la rue Marceau en se faisant passer pour des sympathisants de Marine Le Pen. Leur échange avec un policier est symptomatique du climat qui règne parmi les forces de l’ordre, et mérite d’être ressorti à quelques jours du prochain congrès du FN qui se tiendra à Lyon le 29 novembre.

En janvier 2011, à l’occasion du quatorzième congrès du FN, l’équipe d’Action Discrète, émission utilisant souvent des caméras cachées, est venue à Tours. Les membres de l’équipe se font passer pour des militants favorables à Marine Le Pen souhaitant donner une image plus moderne de leur parti. Ils vont à la rencontre d’une étudiante de l’UNEF, vont tracter devant un lycée, puis se pointent au commissariat. Il s’agit d’annoncer qu’ils organiseront une fête à l’issue du week-end.

— On fait une fête ce week-end à Tours. (...) C’est pour le congrès du FN, pour la victoire de Marine.

— Vous êtes pro-Front National ?

— On est pour Marine. On est anti-Gollnisch, que les choses soient claires. (...) Quand on va faire la fête dimanche, parce qu’on va célébrer la victoire, bien sûr ça va boire des bières, bien sûr il y aura des chants, il y aura des « Maréchal nous voilà », des « Islam assassin », mais pour déconner. Bien sûr, on va jouer à la burqa... Vous savez ce que c’est ? On a un pote à nous, on lui met du PQ autour de la gueule, et on lui met des claques. (...) On va un peu pogoter.

Là, les types d’Action discrète se mettent à chanter : « Si tu es juif, si tu es radin, tu sais qu’il existe au sud de Berlin, un camp magique appelé Auschwitz... » Et après qu’ils aient entonné ce chant antisémite, le flic de répondre : « Sur le fond, votre festivité, moi j’ai rien contre. J’aime bien l’esprit de votre fête. ».

Ce qui lui pose problème, ce n’est pas que des militants d’extrême-droite entonnent des slogans racistes, mais que certains puissent vouloir les en empêcher.

« Mais le problème, c’est que dans la ville, c’est un week-end où vous n’allez pas être tout seuls. On a une extrême-gauche à Tours, c’est des anti-tout, ils ont pas d’humour. (...) Ils vont vous casser le cul, c’est sûr. (...) C’est des connards quoi. »

Et le flic propose de prendre le numéro de téléphone de celui qui se présente comme l’organisateur de la soirée fictive, afin de pouvoir le contacter en cas de problème. Au cas où la soirée tournerait en « jus de boudin » à cause des « anti-tout », il pourrait ainsi demander à ceux qu’il prend pour des militants du Front National de se mettre en retrait pendant que les flics s’occupent « des autres ».

Bien que dégueulasse, la réaction du flic n’est pas particulièrement surprenante, vu le penchant des policiers et gendarmes pour l’extrême-droite. En 2012, une enquête du Cevipof indiquait que « 37% des policiers et militaires (contre 3% des enseignants) affirmaient leur volonté de voter pour le Front National » [1].

22 personnes avaient été interpellées lors de la manifestation antifasciste du 15 janvier 2011.