Chinon : en plein mois de juillet, des parents d’élèves au conseil municipal pour dénoncer la casse des écoles

A Chinon, la gronde des parents d’élèves se fait sentir depuis plusieurs mois. La municipalité prévoit en effet de faire de sérieuses économies sur le fonctionnement des écoles à partir de la rentrée de septembre. L’établissement d’un budget implique un certain nombre de choix et l’établissement de priorités. L’école ne semble pas une priorité pour M Dupont, maire de Chinon.

Nous sommes mardi 12 juillet à Chinon, devant l’hôtel de ville. Il est 18h30, tout est calme, on voit passer quelques touristes, le nez en l’air, admirant l’architecture des lieux. Mais voici qu’apparaît une femme arborant un panneau « Sauvons nos écoles ! » suivie bientôt par une puis deux autres et ce sont bientôt 8 représentants de parents d’élèves qui échangent avec animation devant la porte de la mairie, épinglant sur leurs vêtements « Du personnel pour nos écoles ! » « Ne bradons pas l’éducation de nos enfants ! ». Les vacances scolaires ont commencé depuis une semaine, pourtant cette petite troupe vient remettre une pétition au maire à l’occasion du conseil municipal. Pas de vacances pour les parents d’élèves ! Qu’est-ce qui peut bien motiver une telle détermination ?

La ville de Chinon est endettée suite à des emprunts toxiques et les restrictions budgétaires sont de rigueur. La municipalité, avec à sa tête le maire, Jean-Luc Dupont, a donc voté un budget visant à faire des économies…Là où les parents d’élèves tiquent, c’est quand ils apprennent que des économies seraient également faites dans les écoles !

Alors qu’une école chinonaise ferme en 2016, ce qui représente déjà une économie de près de 80 000 € pour la ville en entretien, cantine, garderie etc, les nouvelles restrictions prévues sont organisées en deux volets.

Elles concernent tout d’abord les TAP (Temps d’Accueil Périscolaire). La réforme des rythmes scolaires de 2013 avait pour principal objectif de raccourcir la journée scolaire des élèves, qui terminaient la classe plus tôt, puis assistaient à 1/2h à 1h de TAP (activités récréatives, encadrées par des intervenants extérieurs à l’école et financées par la mairie). La municipalité a décidé de regrouper ces TAP en un après-midi par semaine, ce qui lui revient certes moins cher mais ne correspond plus du tout à l’objectif visé par la réforme. Les parents d’élèves de Chinon se sont battus plusieurs mois en vain pour conserver le système actuel. Ils avaient l’appui de 67% des parents (qui avaient été sondés sur le sujet) et de la majorité des enseignants. Tous les conseils d’écoles de Chinon ont voté contre cette modification mais la municipalité a fait fi des avis des parents et des professionnels.

De plus, en fin d’année scolaire, les chinonais ont appris que la municipalité avait décidé une réduction drastique du personnel municipal, notamment dans les écoles ! Les postes de nombreux agents sont supprimés : cantine, surveillance des élèves, entretien des locaux, et même des ATSEM (Agents Territoriaux Spécialisés des Ecoles Maternelles). Ces ATSEM, présents en classe aux côtés des enseignant•es en maternelle, apportent une assistance technique et éducative indispensable. En effet, comment un•e enseignant•e de maternelle, seul•e face à des élèves de 4 ou 5 ans, peut-il assurer les apprentissages en étant constamment sollicité à cause d’un chagrin, d’un pipi dans la culotte ou d’un autre besoin particulier ? Comment maintenir une hygiène satisfaisante quand un enfants doit aller seul aux toilettes, l’enseignant•e ne pouvant quitter le groupe pour les accompagner ? Et surtout, comment assurer la sécurité de tous les enfants en cas d’imprévu ou d’incident ?

Les parents d’élèves se battent donc depuis plusieurs semaines pour être entendus de la municipalité et pour que l’école rende non seulement un service public de qualité mais surtout qu’elle ait les moyens d’assurer la sécurité des enfants ! C’est pour réclamer le rétablissement des postes d’ATSEM que la pétition a été mise en place. Et malgré le fait qu’elle n’ait été lancée que cinq jours avant la fin de l’année scolaire, elle a réuni 320 signataires ! Ce nombre est bien supérieur au nombre de familles ayant un enfant inscrit en maternelle à Chinon pour la rentrée de septembre (environ 200).

Tout ceci a pourtant l’air de laisser de marbre le maire, à qui la remise de la pétition n’a semblé faire ni chaud ni froid, et qui ne s’est pas donné la peine de venir en discuter avec les parents qui s’étaient déplacés pour le conseil. Une école publique à plusieurs vitesses ? Assurément, celle de Chinon enclenche la marche arrière…