Cheminots, orthophonistes, salariés de la santé et du secteur médico-social manifestent dans les rues de Tours

Ce jeudi 25 juin, à l’appel de plusieurs syndicats, des centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Tours.

Place Jean Jaurès, les cheminots de Tours et Saint-Pierre-des-Corps avaient installé des panneaux pour sensibiliser la population à la question des Trains d’équilibre du territoire (TET). L’un d’eux explique :

« L’Etat veut se désengager du financement des trains d’équilibre du territoire. Ces trains permettent de lier les préfectures régionales, sans qu’il soit nécessaire de passer par Paris. Il est notamment envisagé de supprimer la liaison Tours-Le Mans-Caen, qui serait remplacée par des bus. Des arrêts dans certaines gares seraient aussi supprimés. A la veille de la conférence climat qui aura lieu à Paris en décembre 2015, l’Etat veut rajouter des bus sur les routes, comme s’il n’y en avait pas assez.

Avec les différentes réformes en cours, les cabinets d’expertise prévoient la suppression de 15 000 postes de cheminots dans les cinq ans à venir. Soit 10 % d’effectif en moins, à l’heure où le chômage explose. »

Un important cortège d’orthophonistes était présent dans la manifestation. Ils et elles protestaient contre la non-reconnaissance de leurs années d’études. Explication de Morgane et Lena, étudiantes à quelques semaines du diplôme.

« Nous faisons cinq ans d’études, et nous sommes payées à un niveau BAC+2 : dans la fonction publique hospitalière, le salaire d’embauche d’un-e orthophoniste s’élève à 1 220 euros net, soit le SMIC + 60 euros. Ce qui fait que les orthophonistes fuient les hôpitaux, et que les patients ne reçoivent plus de soins. Un patient qui fait un AVC n’aura pas d’orthophoniste pour le prendre en charge dans les premières semaines, qui sont les semaines où il est le plus important de recevoir des soins pour retrouver la parole.

Dans le cadre de la loi Santé, il va y avoir de plus en plus de soins en ambulatoires, c’est-à-dire que les patients ne seront pas hospitalisés à temps complet à l’hôpital, ce qui amoindrira la qualité et l’efficacité de la prise en charge des patients, par exemple en cas d’AVC ou de troubles de la déglutition. Ce sont les patients qui vont en pâtir. »

« Aujourd’hui, on est nombreux parce que l’Etat a essayé de faire passer un décret la semaine dernière, pour créer une espèce de salaire pour tous les rééducateurs, à un niveau BAC+3. Et on devrait s’estimer heureux parce qu’on passerait d’un niveau BAC+2 à un niveau BAC+3. Nous on veut une juste revalorisation salariale, qu’il y ait vraiment des orthophonistes à l’hôpital qui puissent assurer des soins pour les patients. On fait ça avant tout pour les patients, et on aimerait que les patients se mobilisent à nos côtés pour être surs d’avoir des soins adaptés à leurs difficultés.

Ce qui est assez exceptionnel, c’est qu’ily a aujourd’hui des orthophonistes salariés du privé ou du public, mais aussi des libéraux qui ne sont concernés que secondairement, et des étudiants de toutes les promos. C’est vraiment un rassemblement de toute la profession. »

Les slogans contre la loi Santé et contre la ministre Marisol Touraine ont nettement dominé le cortège. Des aides-soignantes du CHU de Tours expliquent :

« On profite de nous, on n’est que des numéros, la qualité de soins diminue. Il y a de moins en moins de personnel, c’est la galère. On est fatiguées, on en peut plus. Des gens reviennent sur leurs repos pour assurer des remplacements de collègues en arrêt maladie. Il y a aussi la fermeture des hôpitaux périphériques. Ils suppriment 140 postes au CHU ! »

Une autre ajoute :

« Avec les suppressions de postes, il va y avoir plus de travail et moins d’effectifs. C’est la galère en ce moment. On est nombreux à être en grève aujourd’hui, mais beaucoup de collègues ont été assignées, alors qu’elles auraient voulu participer à la manifestation. On est aussi attentifs à ce qui se passe à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) concernant les RTT. »

Prise de parole devant la préfecture

Le cortège intersyndical (CGT, SUD, Force Ouvrière) a emprunté la rue Nationale, puis s’est rendu devant la préfecture, où une délégation a été reçue. La manifestation s’est ensuite poursuivie jusqu’au Champ Girault, et une autre délégation a été reçue par l’Agence Régionale de Santé. Dans les locaux de la cité administrative, les migrants qui campent au Sanitas occupaient depuis le milieu de la matinée les locaux de l’Aide Sociale à l’Enfance. Une prise de parole a eu lieu pour rappeler le sens de leur lutte, et demander du soutien. Mais il était impossible de les rejoindre, puisqu’une dizaine de flics barrait l’entrée du bâtiment.

Devant l’ARS, dont l’entrée est bloquée par les flics