Campement de migrants à Tours : 35 jours d’occupation et toujours pas de solutions

Un point sur le campement de migrants installé à Tours depuis le 19 juin, au lendemain de la conférence de presse organisée par le président de l’association Chrétiens Migrants.

Cela fait 35 jours que des migrants, demandeurs d’asiles pour la plupart, ont installé un campement de fortune au Sanitas, près de la voie ferrée. Cette solution s’est imposée parce que depuis plusieurs semaines déjà, des familles dormaient dans la rue. L’installation de ce campement a permis de mettre en lumière l’absence de solutions de logements pour les migrants, qui sont laissés à eux-mêmes dans l’indifférence complète des autorités responsables. On ne compte plus les fermetures de logements destinés aux demandeurs d’asiles, sans ouvertures en compensation.

Plusieurs fois déjà, les occupants du campement ont fait l’objet d’agressions et de menaces. Et avec la fermeture programmée du local de Chrétiens Migrants, situé à proximité du camp, pour tout le mois d’août, la situation sanitaire va se compliquer. Déjà, elle est problématique : les quarante personnes qui vivent sur le camp ne disposent que d’un W.C. et d’une douche.

Jusque-là, les autorités locales ont choisi d’ignorer le problème. Dans un communiqué, Chrétiens Migrants a montré comment celles-ci se renvoient la balle : à la préfecture, Isabelle Ferrandon (adjointe au cabinet du préfet) a saisi le nouveau directeur de cabinet du préfet tout en signalant que c’était la direction départementale de la cohésion sociale qui était en charge du problème ; à la mairie, le directeur de cabinet du maire, qui a saisi la préfecture, est parti en vacances et personne d’autre n’est joignable sur ce sujet ; au conseil départemental, Nadège Arnault (vice-présidente chargée des affaires sociales) a déclaré que la collectivité n’était pas concernée mais allait contacter la préfecture...

Pour le préfet, les personnes sans-abri doivent appeler le 115 pour obtenir une solution de logement. Mais tous les jours, la même réponse se fait entendre : « pas de place ». A tel point que c’est presque devenu une blague parmi les enfants du camp. Ce que réclament les personnes du camp, ce sont des solutions de logements stables, pas quelques nuits dans des hôtels insalubres. Une femme et son enfant, en demande d’asile, qui avaient obtenu six jours d’hébergement dans une chambre d’hôtel pleine de punaises, ont ensuite dû revenir sous l’une des tentes du campement. Une autre famille en demande d’asile, logée pour un mois dans un appartement géré par Émergence, a vu sa place dans le campement récupérée par une autre famille...

En jouant le pourrissement, en se renvoyant la balle comme elles le font, les autorités locales, maire, préfet et compagnie, laissent ces familles dans une situation de vulnérabilité et de détresse immense. Malgré les conditions délétères dans lesquelles elles sont placées, les personnes présentes sur le camp tentent de poursuivre leur vie familiale et sociale : un concert a été organisé, avec une chanteuse lyrique accompagnée d’un guitariste ; l’atelier d’auto-réparation de vélos Roulement à Bill est venu à plusieurs reprises et a offert des bicyclettes aux enfants, une retraitée vient ponctuellement lire des histoires aux enfants, etc. (toute proposition dans ce sens est d’ailleurs bienvenue). Cependant, la solidarité à l’œuvre sur le camp ne doit pas masquer la responsabilité de l’État dans la crise qui se joue ici, mais aussi à Paris, Calais, Vintimille, et sur tout le pourtour de la Méditerranée.