Serge Babary et le sapin magique

Manèges, illuminations, vigiles et arrêté anti-mendicité. Petit passage en revue des festivités organisées par la ville de Tours pour les fêtes de fin d’année.

Vendredi 25 novembre 2016. Sur le trottoir ouest de la place Jean Jaurès, une centaine de personnes s’est rassemblée pour dénoncer les violences subies par les femmes, dans le cadre d’une journée d’action nationale. Quelques pancartes et slogans viennent rappeler qu’en France, plus de cent femmes meurent chaque année sous les coups de leurs conjoints. Deux élus de la Ville passent, et demandent de quoi il retourne. Puis traversent rapidement la voie de tram, apparemment indifférents, pour s’installer sur le trottoir d’en face et rejoindre le maire : ce soir, les élus donnent le « top départ des festivités de Noël » [1].

Le maire fait un décompte avec ses doigts, et appuie sur un gros bouton rouge qui lance l’allumage de toutes les décorations lumineuses du centre ville. La scène se passe au pied du sapin installé la semaine précédente, qui a donné lieu à une couverture médiatique épatante : InfoTours, France Bleu et La Nouvelle République ont envoyé leurs meilleurs reporters pour informer le public des spécificités de l’arbre. Après cela, le maire est parti faire un tour du manège en forme de sapin installé sur la place de la gare, « Le Sapin Magique » [2] . Une grande nouveauté qui place Tours au rang de villes comme Dijon ou Nice, où ce manège avait précédemment été installé ; il faut peut-être y voir un effort du maire pour que sa ville accède également au statut tant désiré de métropole.

Comme les années précédentes, la ville de Tours a dépensé des centaines de milliers d’euros pour l’illumination du centre ville. Comme l’année dernière, état d’urgence oblige, elle y a ajouté 40 000 euros de dépenses de sécurité. Comme les années précédentes, des haut-parleurs disséminés partout dans les rues commerçantes vont nous diffuser des tubes ringards et des chants de Noël à la con.

Comme depuis deux ans, une patinoire s’est installée place Anatole France, sponsorisée par McDonalds, EDF et Chérie FM. Cette année, cette patinoire a été agrémentée d’une crèche, le petit Jésus côtoyant des pères Noël bas de gamme, des ours polaires et des pubs pour le centre commercial Auchan. Un décor de rêve, bricolé avec des baraques de chantier. L’UNESCO a de quoi être fière de la manière dont sont décorés les bords de Loire.

Comme les années précédentes, la ville a pris un arrêté anti-mendicité qui court jusqu’au 8 janvier, pour que sa police municipale puisse chasser les pauvres du centre ville. La condamnation de la mairie par la cour administrative d’appel de Nantes, qui a jugé que l’arrêté pris en décembre 2013 était illégal, ne semble pas avoir découragé le maire. Le maire est content, il a son marché de Noël où l’on vend des charcuteries corses, un joli manège tout neuf, et un petit Jésus dans sa crèche.

Joyeuses fêtes.