Après Albert Thomas et La Barque, la Table de Jeanne-Marie menacée

Après le foyer Albert Thomas et La Barque, c’est désormais la Table de Jeanne-Marie qui est menacée de fermeture par les services de la Ville. Article tiré du bulletin n°41 du Cercle de silence de Tours [1].

Créée en plein hiver 2015-2016, l’association la Table de Jeanne-Marie, qui fonctionne uniquement grâce à des dons et à l’engagement de volontaires bénévoles, offre à toute personne qui en a besoin, quels que soient son origine, sa situation ou ses revenus, la possibilité de prendre un repas chaud gratuit et de trouver un peu de réconfort chaque jour de l’année, y compris les jours fériés et le dimanche.

Son local, situé rue des Abeilles, bien qu’onéreux, inadapté et trop petit face à la demande croissante de personnes qui ne mangent pas à leur faim ou sont en situation de grande solitude, avait été loué dans l’urgence en attendant mieux (un projet d’achat, s’appuyant entre autre sur un financement participatif, est en cours de développement). Ce point d’accueil est aujourd’hui menacé de fermeture à court terme par le service Sécurité de la Ville de Tours [2].

Ce serait une catastrophe de fermer la rue des Abeilles, car les personnes qui y sont accueillies n’ont vraiment pas besoin d’une agression supplémentaire. En effet, à partir des trois thèmes développés ci-après, nous pouvons analyser ce qui se passe sous le manteau à Tours comme étant une « guerre faite aux pauvres ».

1. Destruction permanente des moyens associatifs et suppressions de subvention

Alors que des villes comme Strasbourg constituent un réseau des villes solidaires prêtes à accueillir des réfugiés, la suppression par la Ville de Tours de sa subvention symbolique accordée à Chrétiens Migrants depuis 15 ans est la marque d’une action politique ciblée, surtout quand celle-ci refuse dans le même temps (comme à Joué-lès-Tours) de se prononcer contre la proposition de l’extrême-droite sur « une ville sans migrants » [3].

Parallèlement, depuis deux années, la ville procède à la destruction, progressive mais permanente, sous des prétextes contestables, des moyens d’hébergement d’urgence et d’aide aux sans-abris dont ils se servaient depuis longtemps (hôtels Tranchée et Liberté, foyer Albert Thomas, La Barque).

2. Restriction des aides sociales par les collectivités nouvellement élues

Ces destructions sont complétées par des refus d’aide aux personnes démunies (aides alimentaires, gratuité des cantines pour les enfants pauvres et soins pour les étrangers malades). Elles portent une atteinte grave à la survie de toutes les personnes étrangères en difficulté que nous voulons aider (familles, célibataires, femmes seules avec des enfants ou mineurs isolés).

3. Total abandon des mineurs isolés par le Département

Au prétexte qu’ils seraient majeurs ou que leurs papiers sont absents ou faux, le Département rejette 70 % des demandes de prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) des mineurs étrangers isolés. Une étude chiffrée de ces demandes d’accueil a été établie en décembre 2016 par Chrétiens Migrants. Elle montre que sur les 52 mineurs qui se sont adressés à l’association au cours de l’année, seulement 5 ou 6 ont été pris en charge par l’ASE.

Bien sûr, rien de tout cela n’apparaît officiellement comme une politique de rejet des pauvres. A nous de prévoir des stratégies de rechange.

Notes

[1Le Cercle de silence se réunit chaque mois à l’appel de différents collectifs, associations et organisations pour dénoncer les atteintes à l’humanité des sans papiers. Le prochain cercle aura lieu le mardi 28 février 2017, de 18h30 à 19h30, place Jean Jaurès à Tours.

[2NDLR : En fait, il semble que ce soit la Direction de la prévention et gestion des risques, qui s’inquiète de la sécurité du public accueilli. Apparemment, aux yeux de la mairie, les personnes qui viennent se réchauffer et se restaurer à la Table de Jeanne-Marie seraient plus en sécurité en restant à la porte des foyers d’hébergement d’urgence (pour ceux qui y ont une place), fermés pendant la journée.