Accueil des migrant-es : la préfecture lance un appel d’offre a minima

L’Indre-et-Loire doit recevoir entre 150 et 200 personnes sur le quota de 24.000 demandeurs d’asile prévu sur deux ans au niveau national. La préfecture a réservé un bâtiment du CROUS (site Grandmont) afin de procéder à un accueil... plutôt sommaire !

Alors que cet été Tours a connu un campement d’ampleur, la réaction de la Préfecture était attendue au tournant concernant l’accueil des migrant-es « dans le cadre du programme européen de relocalisation » [1]. C’était l’occasion de prendre réellement en compte la situation tourangelle, comme l’espéraient de nombreux individus intervenus solidairement ainsi que quelques associations et collectifs [2]. Or, il n’en est (évidemment) rien d’après le cahier des charges « pour la gestion d’une structure d’accueil des migrant-es dans le département d’Indre-et-Loire » daté du 8 octobre, et ce malgré la lettre au président de la République du 10 septembre., signée notamment par la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), qui dénonçait « l’insuffisance de l’accueil proposé (...) aux réfugiés et migrants se trouvant déjà sur le sol français ».

Création d’une structure d’hébergement temporaire : précarité à tous les étages...

Alors qu’il y a nécessité absolue d’ouvrir 200 places au moins en Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA) [3], la préfecture lance un appel d’offre pour gérer provisoirement un centre d’hébergement temporaire de 30 places (50 au maximum)... Le budget prévisionnel à 3 mois ne donne aucune perspective sur la durée du dispositif [4] — alors même que l’accueil est censé se faire sur deux ans — mais donne une idée de ce qui y sera fait en terme d’accompagnement : « l’opérateur indiquera les modalités de partenariat et de coopération avec les associations susceptibles d’apporter leur aide dans la prise en charge ou la satisfaction des besoins des publics accueillis ».

De plus le contenu des missions et prestations à mettre en œuvre « héberger, alimenter, vêtir, accueillir et accompagner » est — à la lecture du document — pour le moins réduit... Pour coordonner le tout, un simple volontaire en Service Civique sera recruté par la Préfecture d’Indre-et-Loire afin de « favoriser l’accueil des migrants et les accompagner dans leurs différentes démarches dans le cadre du dispositif d’accueil des associations mandatées auprès des migrants. » .

... et conditions spartiates [5]

Ce sont en effet des chambres universitaires de (9m2) qui sont prévues pour accueillir les réfugiés, avec le confort a minima des résidences CROUS : sanitaires communs et cuisine équipée pour 10 chambres et une salle commune pour l’ensemble des résident-es. Et si exceptionnellement il y avait plus de 50 personnes prises en charge, la préfecture envisage la « mobilisation » de « 3 logements non meublés de type 4, situés à proximité ».

Le cahier des charges est donc bien loin du minimum revendiqué par le secteur médico-social et plus encore par les associations et collectifs de soutien aux migrant-es. Mais vu la manière dont la préfecture a assuré le suivi et l’expulsion du campement du Sanitas, il était illusoire d’attendre mieux de sa part...

P.-S.

La Direction Départementale de la Cohésion Sociale (DDCS) vient de valider la création d’un CADA (Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile) de 80 places à Chinon... La décision finale revient au préfet de Région et à la Direction générale des étrangers en France (ministère de l’Intérieur).
Cf Décret n° 2013-113 du 31 janvier 2013 relatif aux conventions conclues entre les centres d’accueil pour demandeurs d’asile et l’Etat et aux relations avec les usagers modifiant le code de l’action sociale et des familles : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027016708

Notes

[1Parmi les 9 mesures phares : il y a le « [transfert] de 120.000 réfugié-es [actuellement] en Grèce, Hongrie et Italie »

[2notamment l’intersyndicale départementale et la Plateforme Logement

[3Dispositif de premier accueil des demandeurs d’asile, composé d’un réseau de 34 plates-formes d’accueil, coordonné et financé par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), établissement public sous tutelle du ministère chargé de l’immigration.

[4« renouvelable » sans plus de précisions...

[5La directive européenne est tellement minimaliste et floue qu’elle est forcément respectée : http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:32003L0009&from=FR