À Tours, la police et la justice ne manquent pas d’humour

Comme nous vous l’annoncions, suite à la plainte de Fil Bleu, le copain qui tenait le camion sono de la manifestation du 17 mai a été convoqué hier au commissariat. Communiqué du collectif anti-répression de Tours.

Comme dans plusieurs villes en France, l’État réprime à Tours. Un militant du Collectif Résistance Centre a été convoqué au commissariat lundi 13 juin 2016. Il conduisait un camion sono pour animer une manifestation contre la loi travail, le 17 mai.

Que reproche-t-on à notre camarade ? Dans un premier temps il fut convoqué pour « entrave à la mise en marche ou à la circulation de chemin de fer [1] » et « pénétration, circulation ou stationnement dans une dépendance de la voie ferré interdite au public ». La dite voie interdite au public est une place sur laquelle circulent les tramways, les voitures, les vélos, les mobylettes, les bus, les piétons et les camions (cherchez l’intrus !).

Dans un second temps, au cour de l’interrogatoire qui dura plus de deux heures, les flics annulèrent le premier grief et en rajoutèrent un autre verbalement : mise en danger de la vie d’autrui. Après discussion entre les pandores et le procureur, celui-ci ne retient que le problème du stationnement.

Selon les flics, l’heure de fin de la manif étant dépassée, et bien qu’il y eu environ encore 200 personnes, le tramway aurait pu reprendre sa course et donc causer un accident.

Au regard de ce scénario pour le moins catastrophe (les pandores semblent déborder d’imagination !), notre camarade doit s’acquitter d’une amende de 135 € pour un « arrêt d’un véhicule très gênant pour la circulation publique » [2]. Il devra aussi comparaître devant le tribunal de Tours le 15 novembre pour avoir stationné sur cette fameuse « dépendance de la voie ferré interdite au public ». Les textes prévoient jusqu’à 6 mois d’emprisonnement, 3 750 € d’amende et il est envisagé qu’il paie 1 625 € de dommages et intérêts pour Fil Bleu (l’entreprise qui gère les transports urbains à Tours).

Tout ça pour avoir participé à une manifestation… contre la loi travail !

Elle était unitaire et donc appelée, entre autres, par les syndicats opposés à cette loi. Par conséquent ce qui est reproché à notre camarade pourrait l’être aux chauffeurs des camions de FO, Solidaires et de la CGT. Ne risquent-ils pas d’être poursuivis lors de prochaines manifs ? Pourquoi un seul est-il mis en cause ? N’est-ce pas aussi son implication dans le mouvement des Technivals qui a déjà été très réprimé lors de l’organisation de Free-Party ?

Face à la grande mobilisation contre la loi travail, l’État ne peut que montrer ses dents pour nous imposer la loi des patrons !

Qu’on se rassure : il ne nous fait pas peur ! Nous continuerons, malgré l’état d’urgence, malgré la violence policière, malgré la justice de classe, à nous mobiliser pour construire la poubelle pour la loi travail.

Nous exigeons l’arrêt de toutes les poursuites contre notre camarade, mais aussi contre toutes celles et tous ceux qui ont été condamné-e-s, embastillé-e-s.
Tours, le 13/06/2016
Collectif Anti-Répression de Tours

P.-S.

Pour joindre le collectif : antirep37@riseup.net

Notes

[1Il s’agit plus exactement du tramway.

[2Notons que, pour ce qui concerne cette amende, ce n’est pas la première fois que les forces nuisibles l’utilisent à Tours. Déjà certains syndicats ont dû s’acquitter d’une amende similaire.